mardi 20 août 2013

El Desdichado - Gérard de Nerval


EL DESDICHADO
 
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule
Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le
Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La
fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
 
Gérard de Nerval - 1854


FT : Gérard de Nerval s'est suicidé le 26 janvier 1855

jeudi 15 août 2013

† Salve Regina †

 
Salut, ô Reine, mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut. Enfants d’Eve, de cette terre d’exil nous crions vers vous, vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. O vous, notre avocate, tournez vers nous vos regards compatissants, et après cet exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein, ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie !

mardi 13 août 2013

Eloge de Richelieu - Vincent Voiture (1598-1648)

Le cardinal de Richelieu au siège de la Rochelle, par Henri-Paul Motte.

« Lorsque, dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli la Rochelle et abattu l'hérésie, et que par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu'ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Casal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l'Alsace mise en notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein et qu'il verront que, tant qu'il a présidé à nos affaires, la France n'a pas un voisin sur lequel elle n'ait gagné des places ou des batailles ; s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines et quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui ; et, à votre avis, l’aimeront-ils ou l’estimeront-ils moins à cause que, de son temps, les rentes sur l’hôtel-de-ville se seront payées un peu plus tard, ou que l’on aura mis quelques nouveaux officiers dans la chambre des comptes ? Toutes les grandes choses coûtent beaucoup !… »

Eloge de Richelieu - Lettres du 24 novembre 1636

Vincent Voiture (1598-1648)