L'uniformisation réductrice et nivelante engendrée par le monde moderne est
une des conséquences de l'égalitarisme. C'est une conception qui se fonde
sur la prédominance de la quantité sur la qualité et débouche sur la négation
réductrice de toute hiérarchie. L'injustice est la seule victorieuse puisqu'elle ramène au plus petit dénominateur commun, tout l'ensemble des
individus. La négation des différences produit une confusion social, puisque
personne ne se trouve plus à la place qui lui convient selon sa nature propre
.
Le nivellement, se produisant toujours par le bas, il s'ensuit, par un
effet d'entrainement invincible, une massification ou le quantitatif prédomine
et devient d'autorité le seul critère. Outre les pernicieuses influences du
nivèlement sur l'éducation et la formation de ceux qui devraient au contraire
bénéficier d'un procesus d'élévation, cette massification conduit les
sociétés occidentales vers un matérialisme brutal, qui est donné et imposé
comme unique modéle à l'ensemble de la planète, ce qui a pour résultat, une
chute dans un amoindrissement qualitatif mondial, amoindrissement radical. Non
contents d'uniformiser les êtres, les théories modernes, issues de l'Egalitarisme, étendent cette uniformisation aux choses, en créant par le biais
de l'industrialisation massive de "l'abstraction" en série et a la chaîne, noyant de la sorte toutes les sociétés modernes sous un déluge de biens de
consommation. Des biens totalement et absolument inutiles, mais qui alimentent
le système et l'amène inexorablement vers la transformation artificielle du
monde.
La crise du monde moderne : chap VI (le chaos social) - René Guénon 1886-1951