« Titre en caractères gras : MILLE MILLIARDS DE DOLLARS
Je m’appelle Paul Kerjean. Profession : grand reporter. Un titre pompeux que l’on nous donne parce que nous sommes là où le monde bouge, là où les hommes se battent, et meurent.
Ce soir, je suis le rescapé de la plus impitoyable des guerres : la guerre économique, où les généraux sont en costume rayé de bonne coupe, et leur arme, un attaché-case de bon goût.
Derrière trois initiales discrètes, une-lettre-un-point-une-lettre-un-point-une-lettre-un-point, se cache la plus gigantesque machine à broyer les frontières, les états, les intérêts collectifs, dans le seul but de produire plus, créer sans cesse de nouveaux marchés, et vendre.
Je me suis cogné la tête contre ce défi lancé au monde. Si le dynamisme et la mondialisation des affaires est dans la nature des choses, il est difficilement supportable qu’ils s’exercent au profit de trente firmes dans le monde. C’est aux états et à leurs gouvernements qu’il appartient de les contrôler, les prévoir, les définir et les dominer.
Devant l’absence de cette politique ou le manque de volonté, ces empires économiques nous regardent, dans la légalité et du haut de leur gigantisme ; ils nous regardent avec nos petits drapeaux, nos frontières, nos grosses bombes, nos patriotismes, nos idéologies, nos querelles et nos folklores, tandis qu’apparaissent en bas de leur bilan annuel : MILLE MILLIARDS DE DOLLARS… »