vendredi 20 novembre 2015

La conscience - Victor Hugo


Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’oeil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Etends de ce côté la toile de la tente. »
Et l’on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb :
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses Fils, douce comme l’aurore ;
Et Caïn répondit : « je vois cet oeil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Enos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit :  » Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

 
La conscience - Victor Hugo

jeudi 19 novembre 2015

Les attentats du 13 novembre 2015



« Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit. »
 Bossuet - livre IV de l’Histoire des variations des églises protestantes
 
Le déni :

La plupart des terroristes qui ont perpétrés les attentats du 13 novembre 2015 ont la nationalité française et on nous fait croire que le problème ne vient que du proche-orient.
On continue de se voiler la face : beaucoup dans les banlieues françaises cautionnent les attentats et considèrent que les sous-hommes qui ont fait ça sont des héros - ceux-là, on ne nous les montre pas. Dans de nombreux pays de confession musulmane, la solidarité - lorsqu'elle s'exprime - est confidentielle. En Turquie les supporteurs d'un match de football sifflent pendant la minute de silence en hommage aux victimes, crient "Allah Akbar" et entonnent le chant des martyres - cela on en parle pas. Vu sur Facebook : un homme Algérien, vivant en Algérie, déplore les attentats d'abord, parle de paix ensuite et finit par mettre en photo de couverture le drapeau du FLN avec en filigrane un héros national qui aurait été "assassiné" par les Français durant la guerre d'indépendance (étant bien entendu que ceux qui nous tenions pour des terroristes à cette époque sont des résistants du point de vue algérien). Le comble : quelques Françaises de ses amies n'y ont pas vu malice... elles mettent un "j'aime" sur la publication.
En 2003, la figure de proue de l'Islam modéré, Dalil Boubakeur, dans un traité moderne de théologie islamique - édition Maisonneuve et Lacrose - affirme : "la nationalité musulmane est une supranationalité [...] Elle est au-dessus de toutes les nationalités [...]". (cf l'Oumma)
Alors bien sûr, en France, beaucoup de musulmans condamnent... seulement, bon nombre crient au complot...

FT
 
 
La genèse :
 La bien-pensance, le progressisme, l'angélisme, l'internationationalisme, le libéralisme, le relativisme, le communautarisme, le multiculturalisme, "l'antiracisme", la repentance, le laxisme, la niaiserie... ça tue.
 
Vous les avez reconnu ?
 
Merci à eux pour leur idéologie de merde :

 

"Mon Sauveur, vous êtes trop incompatible, on ne peut s'accommoder avec vous, la multitude ne sera pas de votre côté. Aussi, mes frères, ne la veut-il pas. C'est la multitude qu'il a noyée par les eaux du déluge ; c'est la multitude qu'il a consumée par les feux du ciel ; c'est la multitude qu'il a abîmée dans les flots de la mer Rouge ; c'est la multitude qu'il a réprouvée, autant de fois qu'il a maudit dans son Evangile le monde et ses vanités. C'est pour engloutir cette malheureuse et damnable multitude dans les cachots éternels, que « l'enfer, dit le prophète Isaïe, s'est dilaté démesurément ; et les forts et les puissants, et les grands du monde s'y précipitent en foule. » O monde ! ô multitude ! ô troupe innombrable ! je crains ta société malheureuse ! Le nombre ne me défendra pas contre mon juge ; la troupe des témoins ne me justifiera pas ; ma conscience m'accuse ; je crains que mon Sauveur ne se change en juge implacable : Sicut lœtatus est Dominus super vos bene vobis faciens atque multiplicans, sic lœtabitur disperdens vos atque subvertens : « Comme le Seigneur s'est plu à vous bénir et à vous multiplier, ainsi se plaira-t-il à vous détruire et à vous ruiner. » Quand Dieu entreprendra d'égaler sa justice à ses miséricordes et de venger ses bontés si indignement méprisées, je ne me sens pas assez fort pour soutenir l'effort redoutable, ni les coups incessamment redoublés d'une main si rude et si pesante. Je me ris des jugements des hommes du monde et de leurs folles pensées."

Bossuet - sermon sur le mystère de la nativité de notre Seigneur



FT : La démocratie d'opinion n'est rien d'autre que l'expression de la multitude et de son conformisme. Les médias aussi ont trempé dans ce crime.