Statue de Jeanne Hachette réalisée par Gabriel-Vital Dubray en 1851 |
En 1472 une ligue nouvelle avait réuni contre le roi de France le roi d'Angleterre, le roi d'Aragon, le duc de Bretagne, le frère même de Louis XI, le duc de Guienne, et enfin le duc de Bourgogne, qui était l'âme de cette coalition, dont le but n'était pas un mystère.
On avait résolu le démembrement de la France :
Le partage était fait : Charles le Téméraire prenait la Picardie et la Champagne ; le roi d'Angleterre, la Guienne et la Normandie, et Charles de France, duc de Guienne, devait ceindre la couronne à demi brisée de son frère.
Jamais la situation n'avait été plus désespérée pour Louis XI.
Cependant, Charles de France mourut mystérieusement en mai 1472.
Après avoir envahi la Picardie, Charles le Téméraire marche sur Beauvais. Le 27 juin 1472, à la tête de 80 000 hommes, le duc de Bourgogne n'a aucun mal à s'emparer des faubourgs. Dépourvue de toute garnison, la ville ne peut guère compter sur la protection de ses remparts, peu élevés et dont les fortifications sont quasiment en ruine. Dans la cité assiégée, la panique règne, et l'on se presse vers les portes.
En hâte, les hommes s'arment de leur mieux. Les enfants ravitaillent les combattants en poudre et en flèches.
Les femmes et filles de la cité ne souhaitant pas être violées en cas de victoire bourguignonne, décident de participer aux combats. Mais ces dernières ne se contentent pas d’encourager les beauvaisiens dans leur lutte, certaines d’entre elles prenant les armes pour combattre (lançant des rochers ou de la poix bouillante sur l’ennemi.).
"La porte était enfoncée,
peu ou point de soldats pour la défendre. Mais les habitants se défendaient
(...). Les femmes vinrent se jeter sur la brèche avec les hommes ; la
grande Sainte-Agadrême, qu'on portait sur les murs, les encourageait;
Jeanne Laisné se souvint de Jeanne d'Arc", relate l'historien Jules Michelet dans son Histoire de France. Jeanne grimpe sur la brèche, où un Bourguignon s'apprête à planter son étendard. Elle arrache sa bannière au soldat, lui fend le crâne d'une coup de hachette et le précipite dans le fossé au bas des murailles. Le 22 juillet, après onze heures d'un combat acharné, Charles le Téméraire, vaincu par la résistance si opiniâtre de tout un peuple, doit lever le siège et ordonner à ses troupes de se replier. Beauvais est sauvée.
Le chroniqueur Loysel rapporte que "toutes les femmes de la ville (...) se montrèrent
si vaillantes en ce siège qu'elles ont surmonté la hardiesse des
hommes de plusieurs autres villes"
Louis XI accorde de nombreux privilège à sa bonne ville de Beauvais. Pour consacrer son héroïque défense, il décrète, par ordonnance royale datée de juin 1474, que chaque année, le jour de la fête de Sainte-Agadrême, patronne de la ville, aura lieu une procession solennelle où les femmes auront le pas sur le clergé et les hommes. Ce sera la "fête de l'Assaut", célébrée chaque dernier week-end de juin. En outre, les courageuses Beauvoisiennes se voient conférer un privilège alors exorbitant : porter les mêmes vêtements que les dames de la noblesse.