Des yeux sans nombre ont vu l'aurore.
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore...
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre.
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh ! Qu'ils aient perdu le regard
Non, non, cela n'est pas possible,
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible.
Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent
Les prunelles ont leur couchant
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
1982 |
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